Camus restera sur mes genoux. Je sais qu'il restera un moment là. Les gestes de l'existence me fatigue. Hier, tu m'as appelé. Ça faisait 2 ans presque qu'on s'est tous quitté sans peine. Alors quand on reprend contact, on commence l'histoire n'importe où. On prend un peu une page au hasard du bouquin et on essaye de la rendre rationnelle, de lui trouver un contexte pas trop moche. Tu m'as dit que mon histoire ferait un bon début de roman. "Je suis avec un inconnu, vue sur mer, sur une table de salon à écrire des articles sur la cellulite." On a rit mais dans le fond, on savait très bien que c'était ridicule. Que c'était toujours pas la vie dont on parlait sur les bancs il y a 2 ans. C'était une sorte d'entre deux. La bouffe la plus dégueu dans l'assiette qu'on attaque en premier avant de rincer le sale arrière goût avec quelque chose de meilleure. Mais j'ai comme l'impression qu'on me ressert toujours la même sauce. La même bouillasse de gestes emmêlés et de sentiments mixés. J'arrive pas à quitter cette enseigne. Encore deux mois. Et après.
lundi 21 avril 2014
vendredi 18 avril 2014
C'est juste la fatigue de l'âme qui vient se reposer dans le regard. Faut pas la consoler. Faut pas lui dire qu'elle ira mieux. Elle ira où elle veut. Donne ton silence. Juste du silence.Soit spectateur d'un être qui se débat. N'attends ni victoire ni défaite. Ne paries rien. Observe juste la beauté du combat parce que tu sera probablement amené un jour à être dans la même arène. A n'écouter que toi-même.
mercredi 16 avril 2014
Tu comprends que chaque homme est une brèche. Tu veux y mettre le doigt et gratter encore le plâtre. Mais tu sais que derrière chaque mur se cache soit un autre mur, soit le vide. Qu'est-ce que tu feras si c'est le vide ? Tu rebouchera le tout avec d'autres mensonges parce qu'en soi, le néant c'est pas une matière que tu sais modeler aussi bien que l'illusion. La différence ? Y'en a bien une où tu peux partir d'une base plus au moins réelle que tu étires un peu sur les bords pour gonfler d'air le tout. Mais tu vois, t’arrives toujours à garder ces quatre angles magiques pour contenir ce vide. C'est un peu comme encadrer la crasse laissée par un portrait depuis longtemps décroché. Alors instinctivement, tout ceux qui auront vu le portrait auparavant le replaceront à sa place. Les autres se contenteront d'imaginer des formes à travers les moisissures. Dans tous les cas, tu prêtes à l'interprétation. C'est trop compliqué de concevoir le vide. Ça nécessiterait d'arrêter beaucoup trop de mécanismes. On sait très bien que débrancher une multiprise d'un coup laissera bien un ou deux faux-contact en guise de séquelle.
J'ai pas encore appris grand chose de ce monde. Il m'a pourtant montré beaucoup d'incohérences. La rose qu'on arrache pour la conserver. La tirelire qu'on remplie pour la vider. L'oxygène que l'on respire pour la recracher. Les yeux qu'on ferme pour obnubiler la réalité. Les gens qu'on payent pour nous écouter. Les gens qu'on payent pour nous remettre en question. Le miroir qu'on achète pour en refuser le reflet. On m'a dit, tu sais y a trois requêtes sur google qui te font faire du fric: comment devenir riche, comment rester en vie et comment baiser. Trois mots clés et tout un tas de synonymes sur la thune, le cul et la santé tapés plus de 1200 fois dans le mois. Puis là, c'est le stade où tu comprends que l'éthique n'existe que dans le dictionnaire. Alors tu prends le malheur et le désespoir des autres pour récolter de l'argent. Tu sais que c'est un business sans fin, c'est sûrement le plus triste dans l'histoire. Mais la tristesse tu t'en fous, parce que tu sais aussi que c'est une requête internet et que tu peux offrir des cures miracles avec. Tu prends trois quatre articles qui réconfortent, des témoignages de monsieur Uncle Bens et madame tout le monde et boom, tu fais cracher la carte bancaire. Tu souris doucement face à tant de crédulité. Il y aura toujours des gens pour croire aux remèdes sentimentales, prêt à acheter la moindre parcelle de bonheur que tu mettra en vente sur ebay ou amazon. Puis tu te rends compte toi-même que tu n'es qu'une simple requête.
J'aurais aimé me tirer la balle dans le pied le jour où l'homme a cessé de faire confiance à l'homme.
Que ces détours sont longs, lassants. Des "presque" mirages qui même de loin ne réconfortent pas. J'aurais aimé rendre tes trajets un peu moins silencieux malgré le son assourdissant du lecteur CD. Nous ne savons même plus ce que nous écoutons. Les Pogues, probablement. Comme si le bruit de chaque gravier sur la roue, de chaque éclat de verre était plus important que la somme des mélancolies qui se succèdent.
J'ai cru avoir refermé les portes. Cette crève matinale du passé me semblait inapproprié, surgissant de nulle part. C'est là que j'ai compris que toutes ses embrasures laissent filtrer ce putain de courant d'air. L'instant parfais pour quelques souvenirs glacés qui se collent à vos omoplates pour vous paralyser. Je me suis retourné avec dégoût pour confronter à nouveau le regard du vide. Je n'y ai vu que mon propre reflet remplie d'une rancœur inconnue envers tout ce que j'avais enfermé derrières ces portes. Même fermées, on y voyait encore à travers. Je me dit qu'il serait peut-être temps d'arrêter de traîner dans les couloirs de l'existence.
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