lundi 26 mai 2014

Ce soir, j'ai pas envie de me doucher. Non, ce soir c'est la crasse qui l'emporte. La poussière du trajet amassée pendant ces deux mois. Encore deux semaines. A me taper cette table, avec cet ordi au clavier collant et cette nappe rayée immonde. Même la vue sur mer me dégoûte. J'aime tellement l'horizon mais, depuis chez toi, il me parait juste oppressant. J'ai envie d'être mauvaise. Alors je fais ma blasé. On se froisse, j'aime bien qu'on me retienne comme ça. Certes, je suis payée gracieusement. Mais qu'est ce que c'est à côté des mille balles que je te fais faire chaque mois pour le reste de ta vie. C'est pas bien grave, ça me payera le tatouage. J'ai eu l'impression de faire de la collocation forcée. Un pauvre célibataire qui use trois rouleaux de PQ juste pour pas arriver au bout de l'un d'entre eux. Bref, je suis mauvaise. Probablement parce que je ne fais toujours rien qui me prenne aux tripes au point d'en oublier les heures.

vendredi 16 mai 2014



"Tu es mature, organisée, rigoureuse." Mais je m'en fou. Je m'en tape. Contre un mur même. Tout ça n'a aucun intérêt. Ma chambre est aussi désorganisée que moi. Ma maturité m'extirpe de mon environnement actuel. Je m'entends mieux avec mes collègues de travail qu'avec mes collègues de fac. Du moins, le peu de bimbos dont j'ai eu le droit à l'IUT. Peut être que la fac a son lot de surprise. Son lot de glandage surtout. Ça va être long et ennuyeux. A attendre le déclic. Le fameux projet. Les start-up, ça fait rêver. Des petits jeunes fougueux montent un délire qui va finir par se vendre aux gros capitalistes de ce monde. Puis toi t'es là, le bidon rebondit quand t'es assise devant ton ordi, les jambes écartées devant le ventilateur à te demander c'est quoi ton lot de surprise. A 20 ans, j'ai jamais eu de relations avec le sexe opposé. Ça trouble les gens. Mais je m'en fou. Je m'en tape. Contre quatre murs même. J'ai pas le temps. Puis surtout, t'en voit un sympa passer comme un mirage de temps à autre. Tu te contentes de le regarder de manière évasif, puis te retourne ta tête vers la vitre crasseuse du bus pour admirer la même route qui te fatigue depuis des mois. On m'a jamais touché, effleuré les lèvres, aimé d'un amour réciproque. Non, j'ai préféré les trucs casses-gueule où au moins t'es sûre qu'à sens unique si t'en a marre, y a pas de compromis à faire, y a que toi qui te barres et puis voilà. Voilà. " Tu peux faire pleins de choses, avoir 20 et être déjà aussi organisée pour ton âge..." Mais qu'est ce que tu veux que j'en fasses de mon organisation ? Ça fait un an que ma boîte de 14 crayons à dessins est éparpillée sur mon bureau. Comme si j'allais vraiment me remettre au dessin. Encore un truc que je ne sais faire qu'à moitié. Des papiers de bourse, de banque, du taff, de scolarité, d'assurance... ça traîne comme mon existence dans ces 9 mètres carrée. Ça erre comme un putain de fantôme pas capable de traverser les murs. And we all believed in ghosts until you walked into the wall. Tu réussis tout. Tout ce qui ne t'intéresse pas, mais tu le fais parce qu'il faut le faire. Et derrière, tu réussis pas à savoir ce que toi tu veux réussir. Tu combles avec ce que tu peux. Tu fais un super plan de rapport de stage à ta prof qui a hâte de te lire. Tu sais que le référencement ça te plaît bien mais que t'en fera juste que un très bon rapport. Et c'est tout. Tu partira avec ton diplôme vers la licence. Puis après dans un master en sachant toujours pas ce que tu veux faire plus tard. C'est trop facile d'être sérieux. C'est à chier, on a rien à nous envier. Pas un pet de folie. On est plat comme l'électrocardiogramme de ton grand père. On est blasé. On sait tellement tout d'avance que ça nous fatigue déjà.